La décoration de la faïence à main levée

Les mains sur terre

Estampage, tournage, décor, cuisson…

Toutes les étapes de fabrication de la faïence sont réalisées à la main au sein de l’Atelier Soleil à Moustiers.
Le tournage d'une assiette par le maître faïencier de l'Atelier Soleil

Travailler l’argile

L’argile naturelle sélectionnée par l’Atelier Soleil est travaillée selon trois méthodes traditionnelles, de façon entièrement manuelle.

Estampage. Les pièces plates sont conçues par estampage : les galettes d’argile sont façonnées sur un moule, puis éventuellement festonnées (ajout d’ornements).

Tournage. Il s’impose pour les vases et les pichets. Posée sur un tour, la boule d’argile est mouillée pour se plier à la volonté des mains du tourneur. Pieds, anses et ornements sont ensuite appliqués à l’aide d’argile liquide, appelée « barbotine ».

Coulage ou moulage. Utilisé pour les pièces aux formes complexes. Un moule est rempli de barbotine et son plâtre poreux absorbe vite l’humidité : au bout d’une heure, le moule est retourné pour sécher.

Décorer à main levée

Le décorateur exécute son dessin à main levée, sur émail « cru ». La « peinture » consiste en oxydes métalliques mélangés à de l’eau, qui déterminent les couleurs finales : cuivre pour le vert, fer pour le jaune, manganèse pour le brun et le noir, cobalt pour le bleu, etc.

Cette alchimie est délicate : les oxydes sont appliqués à l’aide de pinceaux très fins et l’émail poudreux les absorbe instantanément. La main des décorateurs ne doit jamais trembler car la moindre erreur provoquerait… un pâté !
Pinceau et oxydes métalliques pour décorer la faïence

Décorer à main levée

Le décorateur exécute son dessin à main levée, sur émail « cru ». La « peinture » consiste en oxydes métalliques mélangés à de l’eau, qui déterminent les couleurs finales : cuivre pour le vert, fer pour le jaune, manganèse pour le brun et le noir, cobalt pour le bleu, etc.

Cette alchimie est délicate : les oxydes sont appliqués à l’aide de pinceaux très fins et l’émail poudreux les absorbe instantanément. La main des décorateurs ne doit jamais trembler car la moindre erreur provoquerait… un pâté !
Faïence après cuisson avec signature de l'Atelier

Cuire et vitrifier

La faïence connaît deux cuissons. La première pour cuire le « biscuit », la seconde pour vitrifier l’émail, qu’il soit peint ou non.

Cuisson du biscuit. Les pièces séchées subissent une première cuisson à 1 020°. La terre est alors dure, ocre et poreuse : c’est le « biscuit ». À l’aide de pinces, il est rapidement plongé dans un bain d’émail afin qu’une fine couche l’en recouvre.

Cuisson de l’émail. Quand le biscuit émaillé a été décoré, il est prêt pour la seconde cuisson. Les pièces sont posées sur des pernettes (supports qui laisseront trois marques distinctives), mises au four et cuites à 960°, température de fusion de l’émail. La faïence devient alors brillante, étanche et d’un éclat inaltérable.

Le maître faïencier à l’œuvre

Le tour du potier

Le bain d’émail

L’envers du décor

La mise au four

Les mots du maître

L’art de la faïence a son langage. Quelques mots clés pour vous aider à décoder les paroles du maître faïencier.
Barbotine : une pâte fluide d’argile utilisée pour le collage entre elles des parties d’une pièce avant cuisson, par exemple une anse ou un bec de théière.

Biscuit : faïence obtenue après une première cuisson à 1 020 degrés. La terre est alors dure, ocre et poreuse. Le biscuit est ensuite plongé dans un bain d’émail.

Émaillage : une fois le biscuit cuit, il est rapidement plongé dans le bain d’émail, constitué d’une pâte liquide à base d’étain. À ce stade, la pièce peut être décorée avant de subir une seconde cuisson pour vitrifier l’émail.

Faïence : terme qui tient son origine de la ville italienne de Faenza, qui fut à partir du XVe siècle le centre d’une fabrication céramique renommée. La faïence est l’une des plus communes et des plus anciennes techniques utilisées en céramique.

Fleur de solanée : décor typique de la tradition Moustiers, consistant en bouquets symétriques de trois ou quatre fleurs autour d’un bouquet central.

Grotesque : type de décor introduit dans la tradition de Moustiers par Joseph Olérys (1697-1749), inspiré par des scènes et des personnages de la Commedia dell’Arte.

Petit feu : technique qui consiste à peindre un décor sur émail cuit et qui nécessite donc une troisième cuisson, à 750 degrés seulement, pour fixer les couleurs.

Poncif : calque sur lequel un motif est dessiné et ses contours perforés avec une aiguille. Le calque est appliqué sur la pièce à décorer puis tamponné avec de la poudre de charbon (qui brûle à la cuisson) pour faire apparaître des repères qui aideront le décorateur à tracer son motif. Le poncif est une technique artisanale ancienne, à ne pas confondre avec la chromolithographie, qui est une décalcomanie industrielle.

Une question ?

L’Atelier Soleil vous répond au +33 (0)4 92 74 61 62

Histoires de faïence

Grâce à ses ressources en eau, en bois et en argile, Moustiers fut une terre d’abondance pour les potiers bien avant de devenir la capitale de la faïence en France, de la fin du XVIIe au début du XIXe siècle.

Premier faïencier du village vers 1680, Pierre Clérissy connaissait le secret de l’émail sur céramique. Il créa le décor « à la Bérain », inspiré des dessins de Jean Bérain, artiste à la cour de Louis XIV. C’est d’ailleurs à ce dernier que Moustiers doit alors son essor : pour financer ses guerres, le Roi-Soleil réquisitionna l’argenterie du royaume, laquelle dut être remplacée par une vaisselle raffinée…

D’autres faïenciers moustiérains célèbres sont Joseph Olérys, qui introduisit la polychromie, Joseph Fouque et les frères Ferrat, grands spécialistes de la technique délicate du petit feu.

La production de faïence décline au cours du XIXe siècle et le dernier four s’éteint à Moustiers en 1873. Mais en 1925, Marcel Joannon, connu sous le nom de Marcel Provence, rallume la flamme et les fours, créant également l’Académie de Moustiers et le Musée. Il sera bientôt suivi par l’artiste faïencière Simone Garnier, qui inspirera une nouvelle génération d’artisans.

Source : Académie de Moustiers.
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